[Accepté] Chat d'gouttière et "Nasdrovia".

En supplément inédit direct live wèsh-wèsh, voici un poème que j'ai écrit/monté à l'occasion du concours "Flûte Alors !" il y a de cela deux ans. Il m'a valu une place en finale. On dirait pas comme ça, hein ?

● En supplément bis,
une ébauche de l’histoire de mon p’tit Matou chéri.




Il fait soleil à Sufokia. Un extraordinaire soleil. Le Monde des Douze est
paisible. Les Pious et les Tofus chantent, les Prespics et les Sangliers se
baladent, les Tournesols Sauvages s’abreuvent de lumière, les Roses Démoniaques
perdent un peu de leur méchanceté et courent dans les plaines. Nous sommes le
21 Septange 606. Une petite maison de pêcheur de Sufokia, où habite une famille
d’Ecaflips. Les disciples du Dieu Ecaflip sont différents des autres :
leur religion leur est imposée dès leur naissance, puisqu’elle influe sur leur
biologie et leur morphologie.


On raconte que cette croyance est née d’un croisement entre deux Chachas
qui s’étaient préalablement frottés à un Enutrof dans la fleur de l’âge. Ceci
expliquerait probablement le physique et l’attirance pour les jeux d’argent
qu’ont les Ecaflips. Petit à petit, des humanoïdes au physique de félin
auraient évolués, et seraient devenues de grands guerriers, perpétuant de
siècles en siècles la croyance en un Dieu sacré : Ecaflip.


Mais revenons à notre histoire. Ce jour n’est pas commun, à Sufokia. Les
rares habitants que la ville portuaire accueille en son sein se sont
aujourd’hui rendus dans la petite maison des Kenfleush, une famille de
pêcheurs. Une Ecaflip est allongée sur un lit blanc comme la neige, son mari
lui tenant la patte. Les Sufokiens se tiennent à l’écart mais apportent leur
soutien à Reynbaw. Elle n’est pas malade, mais est en train de faire la plus
belle chose qui existe au monde : donner la vie. On entend de la bouche de
son mari divers encouragements : « Souffle Reyn,
souffle ! » Elle s’exécute, inspire et expire lentement. Soudain, un
cri général d’étonnement : « Ooooh ! » Un petit Chacha
semble sortir du ventre de la mère. C’est en réalité leur enfant. « C’est
un mâle ! » s’écrit le père, tout joyeux. Reynbaw, soulagée, porte le
nouveau-né à ses seins, lui fait boire de son lailait, la boisson qui restera
toujours sa favorite. Il ne pleure pas, il est serein. Un sourire barre sa
frimousse poilue. Son pelage est blanc comme le lit, encore humide du liquide
amniotique qui vient de le bercer pendant plus de 60 jours. Les habitants
venus apporter leur soutien félicitent les parents pour l’arrivée d’un si beau
bébé, et décident de laisser la famille se reposer.


Voilà déjà un an que Chivas-Regal est né. C’est un petit Ecaflip d’une
trentaine de centimètre. Le jour de sa naissance, son père a accidentellement
fait tomber une goutte de Whisky amaknéen sur sa bouche. Un petit
« Hic » en est sorti, le fou rire fut général. « J’espère que tu
ne viens pas de le transformer en alcoolique » a rit sa mère.
« Beuh ! Les Kenfleush sont des résistants, Reynbaw ! Une goutte
de Whisky n’a jamais fait d’mal à personne ! Teh, pour fêter ça, je
propose qu’on l’appelle Chivas-Regal ! ». Sa femme, d’abord surprise
par l’idée, croyant à une blague, accepta. « - Chivas-Regal, c’est mignon.
Je t’appellerai Regal, mon petit Chachaton d’amour. » « - Arrête donc
de tant le dorloter, Reyn’. Il va devenir un grand guerrier, tel est le souhait
d’Ecaflip ! »


C’est son anniversaire. Un an, chez les Ecaflips, ça s’fête ! C’est la
découverte de la vie. Regal s’élance dans le port de Sufokia, chasse le
poisson, découvre les lieux qui l’abritent. Les Sufokiens le connaissent tous
depuis un an déjà. Ils savent qu’il aime le lailait, les poissons, et la bière
de la taverne. Regal ne se gêne pas pour profiter de la générosité des
habitants des environs : il ne refuse aucun cadeau, surtout si c’est à
boire. La journée se passe merveilleusement bien, tout le monde rit, tout le
monde boit, tout le monde discute de tout et de rien, comme de cette légende
sur des œufs magiques qui auraient été dérobés à la barbe de sages Enutrofs.


Seize ans déjà. Le 21 Septange 622, Chivas-Regal devient adulte. La coutume
le veut : il doit quitter sa famille et le village. Cela n’attriste
personne : tout le monde sait qu’il reviendra régulièrement. Mais sa vie
d’aventurier doit commencer. Son sac animé, dérobé à un Enutrof un an plus tôt,
renferme tout ce dont il a besoin : des vêtements en peau de Prespic, une
canne à pêche et des litres de bière. Le départ est rapide. Comme seize ans
auparavant, les Sufokiens se réunissent devant la maison des Kenfleush.


-
« Au revoir Regal ! Reviens nous souvent ! Que Sadida te garde ! »
s’écrit un homme aux muscles saillants et à la peau mate.


-
« Eniripsa te suit du regard, jeune Ecaflip ! »


-
« Que l’aventure soit bonne, et trouve moi ces beaux trésors dont on a
tant entendu parler ! »


Ses parents ne pleurent pas, ils ont l’habitude des départs. Avec un petit
pincement au cœur tout de même, ils embrassent leur fils, sachant bien qu’il
reviendra souvent leur apporter des nouvelles du « Grand Monde »,
comme ils l’appellent. Son père lui glisse quelques kamas dans la poche, et un
rugissement résonne dans le village marin : il annonce le départ du fils.


« Sois pêcheur », lui avait dit son père. « C’est le seul
moyen de gagner ta vie, mon fils ! » Regal se répétait sans cesse les
paroles de ses parents sur le chemin. Pêcheur, hein ? Il se dirigea vers
Madrestam. Le voyage dura de longues semaines. Aucune dragodinde ni zaap ne
vînt en aide au nouvel aventurier.


Il s’approcha du pêcheur. Il avait l’air concentré, patient. Tellement
l’air concentré qu’en réalité… Il dormait sur sa canne à pêche. Regal posa une
griffe sur son épaule, la tapota : « Quoiiiiiiiiiiiiiii ? »
s’écria le pêcheur en sursaut. « Qui est là ? Des Bworks ?! Au
secouuuuuurs ! Préparez les armes, contactez la milice ! »
Son visage, précédemment tordu par la peur, fondit en un instant quand il vit
la tête de l’Ecaflip, intrigué par tant d’agitation en si peu de temps.
« Quoi ? Tu veux devenir pêcheur ? Quel courage. Euuuh,
pardon. Très bien. Prend cette canne à pêche, et suis-moi. »


Une semaine passa. Regal haïssait la pêche. Il n’avait ni la patience ni la
passion pour ce métier. Après une centaine de goujons capturés au port, il se
résigna : « Ce n’est pas fait pour moi, désolé père. » dit-il en
regardant la mer.


De longs mois passèrent. Regal avait quitté Madrestam pour visiter le
Monde. Du moins une partie. Mais outre ses envies de voyages, il devait élargir
ses capacités, afin d’avoir « au moins de quoi manger », répétait-il.


Il se dirigea alors
vers les Mines d’Astrub…